De

Maurice Courant à Maurice Courant

(Recueilli par Jo Laporte)

 

Parler de Maurice Courant serait simple s'il n'était lui-même si compliqué.

Car, comme son oeuvre l'indique, il est perpétuellement écartelé entre la vastitude et l'altitude, l'abîme et la cime, le silence et le cri.

L'univers, à l'intérieur et à partir du particulier, est son domaine. N'a-t-il pas en effet déclaré, en tête de ses Notes de "L'Immobile et le Mouvant", intitulées "Le Rivage et la Mer":

"J'ai célébré, à travers les ombres et les lumières du temps, la Nature, l'Homme, l'Amitié, l'Amour et Dieu, - c'est-à-dire: l'être et l'Etre?"

Et tout cela se trouve de part en part traversé par la fulgurante et déchirante et finalement consolante Lumière, en lui, d'un Grand Amour.

Et l'on ne comprend rien, ici à l'homme comme à l'oeuvre, quelque soit le sujet, si l'on ne considère pas comme centrale la Présence, depuis l'adolescence, à tous les moments de sa vie, de Celle qui n'a cessé d'illuminer son existence au point de lui consacrer quatre ouvrages et de la célébrer enfin sous le nom de Gine.

Et d'un tel Amour à cet au-delà de la durée qui nous mène à la transcendance même, il n'y a qu'un pas, vite franchi. Et c'est ainsi qu'aucun de ses recueils ne se termine et ne peut se terminer autrement que par un texte (vers ou prose) qui témoigne d'une irrépressible soif en lui de toujours tenter de "sauver" ce qui peut l'être, dans ce qui meurt, de la Mort même, par une perpétuelle irruption, dans son écriture, - à travers les mouvements secrets ou solennels et profondément heureux ou malheureux de l'existence, - de l'éternité dans le temps comme du temps dans l'éternité, jusqu'à ce que surgissent à quelque détour du verbe, et comme du plus imprévisible et clair de l'âme, quelques-unes de ces fulgurantes "formules" qui, brusquement et d'une certaine manière, chaque fois, pour lui, résument tout:

- "Si Dieu n'habitait pas en moi, je ne serais nulle part."

- "Dieu: ce qui reste, quand il ne reste plus rien."