AMOUR
Prisonnière des feux que respire l'Automne,
Tu reçois le désert que le ciel pur te donne
Et t'en vas dans le soir terriblement rêvant
A tout ce qui persiste en l'âme de vivant, -
Toi dont mon coeur connaît le coeur comme personne
Et que ne comble pas l'orage ni le vent!
Qui que tu sois, ne pleure pas sur tous ces morts
Qui t'environnent de clarté dans l'ombre ultime:
Car au-delà toujours des plus terribles sorts,
Il ne reste de l'âme en l'Ame que la Cime!
Marche au-devant de la lumière;
Ne laisse pas la mort en toi
Fleurir comme une fleur de pierre
Dont les pétales auraient froid!
Cet être-là, dans la douceur
Du soir qui tombe sur le coeur,
Avait la tête du Malheur!
Le soleil sur de la douleur
Fait éclater la force du malheur:
Rien ne résiste au mal épouvantable.
Comme les fruits pendent à l'arbre;
Comme le sel des jours se meurt;
Comme un sang coule au coeur du marbre:
Le Coeur de l'Astre, en toi, mon coeur!
Je ne sais pas quelle ombre folle
Pleure sur moi le long des jours,
Ni quelle force me console
Au plus secret de mes Amours!
Tout se meut dans l'espace inverse du silence; -
Et le silence émeut ce que le coeur balance
De tendresse mortelle au coeur du tendre jour; -
Jusqu'à ce que du ciel sans faille ne s'élance
Cette sérénité d'une âme qui ne pense
Qu'à se fondre elle-même en l'univers immense
Et qui tremble d'ivresse au coeur du sombre Amour!
?
Et rien ne prévaudra contre ce feu sans fin
Qui tarit notre soif et brûle notre faim (; ou !) -
Et n'empêchera plus sur terre comme aux cieux
Que ce feu ne nous brûle l'âme par les yeux!
Ton Cri, mon tendre Amour,
Au fond des nuits perdues,
Envahira le coeur des astres
Jusqu'aux nues!
Distiques
Je cours après mon âme ainsi qu'un fou du Roi
Et ne trouve en le fond de mon désert que Moi!
Nous allons vers la mort inévitable et sûre
Comme de l'éternel en l'âme la blessure!
...Et plongea notre Amour dans une obscurité
Qui faillit l'emporter avant son plein été!
Qui ensemence qui: de l'âme ou de la chair? -
De la source ou de l'âme ardente du désert?
Comme ils allaient parmi les ruines et les roses,
Des roses, ils voyaient l'or des métamorphoses!
Ah! cet arrachement des êtres que l'on aime, -
Plus terrible que l'ombre en nous de la mort même!
J'aurai cherché partout sans le trouver jamais
L'inextinguible feu de l'Ame que j'aimais!
Ironique soleil qui brille sur mes jours, -
Quand se meurent au loin les feux de mes amours!
Soleil, je hais tes feux, lorsque la nuit descend
Au plus profond secret du fleuve de mon sang!
Je t'étreins comme un fou qui rentre dans ton corps, -
A travers les désirs de mille et mille morts!
Mon pauvre Père errant parmi le ciel des jours; -
Mon pauvre Père errant à perdre mes Amours!
Ton beau visage errant parmi les herbes folles
Plonge dans le désert des songes Tes paroles!...
Tu vis en moi de telle sorte enfin
Que de Toi-même à travers moi j'ai faim!
Je m'enferme avec Toi dans la nuit de la vie
Pour un sort de sortir dont je n'ai nulle envie!
Je redoute la nuit; je redoute le jour;
Mon Amour est en train de perdre son amour. -
De fol Amour... Gine -
Par-delà les chagrins, les rires et les cris,
Les abîmes, ce Coeur de fol Amour épris!
Ton âme m'emplit l'âme et le corps à la fois
De l'immortalité d'un feu que je lui dois.
(14-11-2004, V.)