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doloris amor
Rehaussé de
L'ARCHANGE AU PUR REGARD ARDENT
par
Patricia NICOLLE
GM
A Ton Ame,
de toute la mienne,
infiniment.
"SI MON AMOUR N'EST RIEN, QUE SERA TON AMOUR ?"
LA ROSE ÉPERDUE...
La Rose éperdue
Dans le jardin clos,
Sur ta lèvre nue
Met la mort des mots !
TON RIRE !...
Par-delà l'éclat pur d'un songe où l'or se perd,
Ton rire, ô mon Amour, s'érige sur la mer !...
AMOURS
On croit survivre aux meurtrissures
De jours pareils à des vautours ;
Mais les blessures les plus sûres
Sont celles-là, dans leurs atours,
Que font dans l'âme, les Amours !
O RIVE A LA DÉRIVE...
O rive à la dérive où rêvent les oiseaux,
De mirage en mirage, en un lointain qui berce
L'Ame du monde - et l'âme encore des roseaux ! -
Sans que nulle semence d'ombre ne la gerce,
Mais, prescience d'or de l'Inde ou de la Perse,
Telle ! - qu'y tremblerait notre âme sur les eaux !...
AUTOMNE VIVE...
Automne vive, à deux genoux
Devant l'été qui s'évapore,
De quel silence intime et doux
Transperces-tu d'un jour l'aurore,
Quand tout le ciel qui se dédore,
Plonge - pour quel accord encore ! -
En ce désert d'âme sonore
Qui reste seul au fond de nous ?
QU'EST-CE, TON ÂME MÊME... ?
Qu'est-ce, ton âme même, ô fortuné visage ;
Et qu'est-ce que le vent t'apporte chaque jour :
Les flots tumultueux du songe et de l'orage,
Où le fleuve éternel d'un éternel Amour ?...
Si ton image s'effaçait
De ma mémoire la plus vive,
C'est que mon âme ne serait
Plus qu'une épave à la dérive, -
Sans rien jamais qui lui survive,
Au gré d'un flot sans fin ni rive
Qui vers la nuit l'emporterait !...
Comme la vague sous l'étrave,
Ton âme s'ouvre à mes climats ; -
Toi que le vent du large lave,
Quand tu t'abîmes dans mes bras !
Toute, à jamais, dans ma pensée
Où va le grand Soleil rêvant, -
Toi, le seul être au coeur vivant
Dont l'âme fut d'Amour blessée
Et par mon âme caressée
Dans mes bras d'ombres et de vent !
ouLA CHEVELURE...
La masse d'ombre et d'or qu'enserre
Ton lourd feuillage dans le vent,
Ressemble à la noblesse altière
De ce trésor vivant sur terre
Que délivre sa tête fière,
Et plus fragile que du verre :
De chevelure si légère
Que l'on s'y perd d'Amour souvent !
En quelque geste souverain -
De folle soif élémentaire
Et frémissante d'un mystère
Où se révèle tout l'humain,
- Comme, en sa course solitaire,
Ce geste d'eau qui désaltère
Et qui se fraye ses chemins
Jusqu'aux limites de la terre, -
De l'être en toi que rien n'altère,
Atteindre l'âme par tes mains !
Ton regard a pour moi ce merveilleux pouvoir,
- A me rendre enfin calme en l'âme comme un roi, -
Que je puis m'y plonger comme dans un miroir
Qui ne réfléchirait que le meilleur de moi !
Ton âme est la première entre toutes les âmes,
Qui sut me révéler jamais sa profondeur ; -
Tant qu'il n'est de tendresse au ciel que tu réclames
Dont tu n'aies écarté les ténébreuses flammes
Pour mieux en préserver les rives du malheur !
L'ombre, sans toi, me serait telle,
Et le soleil du plus grand jour ; -
Que la mort même - l'immortelle
D'être, en mon âme, la plus belle -
Serait semblable à mon Amour !
La mer était si forte en ce matin d'Automne
Et sa rumeur si folle en l'âme en devenir,
Que nous ne savions plus ce qui le plus étonne,
Et donc à l'autre en nous lequel se subordonne :
Des vagues de la mer lorsque la mer moutonne,
Ou de ce qui les garde en l'âme de mourir !
Le soir qui s'engoufrait dans l'ombre insaisissable,
De nuages fameux envahissait les cieux ;
Les flots venaient mourir sans force sur le sable ; -
Et le regard perdu de l'astre vulnérable
Pénétrait de ténèbre d'âme formidable
La clarté solitaire et rare de nos yeux !
Je n'oublierai jamais l'immense couleur pâle
De la mer, certains soirs adorablement doux,
Lorsque l'Automne plein d'ivresse triomphale
Nous brisait du soleil la pureté fatale
Et nous enveloppait d'une lumière égale
A celle qui mordrait sur l'ombre horizontale, -
Pour nous faire tomber les âmes à genoux !
I
Je me souviens de ce désert,
Sous le soleil d'un ciel glacé :
Je cherchais ton visage clair,
Et le silence de ta chair,
Et l'âme même, au fond de l'air,
- Tout comme le poisson la mer, -
Parmi les rives du passé !
II
EN MON LOINTAIN "PÉLERINAGE"...
En mon lointain "pélerinage"
Au bord des sources du malheur,
Comme un bateau qui fait naufrage
En l'océan de la douleur,
O ma chère Ame sans partage
Et mon irremplaçable Soeur,
A bout de force et de courage,
Quand le tumulte de l'orage
M'envahissait de sa fureur,
Et comme un phare du rivage
Perce la nuit de sa lueur,
Je ne voyais que ton visage
Pour me sauver du paysage
Qui me désespérait le coeur !
OUDES RACINES AU FEUILLAGE...
A nos plus chers Aimés.
Des racines au feuillage,
Sans que rien n'aille mourir
Absolument avec l'âge
De ce qui l'a vu fleurir,
Se forme ainsi le visage
Emouvant de l'héritage
Ivre d'air et de désir
Qui fait croître à n'en finir,
Comme l'arbre, son image,
Et par là s'épanouir
Au-delà de tous rivages,
Sa voilure, sans ambages,
Au grand vent de l'Avenir !
Que serait le soleil sans la mer étalée
Sous mes yeux de sommeil ?
Et que serait la mer et la vague salée
Sans le mélodieux soleil ? -
Et ton âme elle-même, en mon âme en allée,
A la fin d'un beau jour, au plus beau jour pareil,
S'il ne coulait sans cesse, en l'humaine vallée,
Tout l'or d'un sang vermeil ?
La nuit se meurt avec le jour ;
L'ombre, dans l'âme, se disperse :
Il n'est, que le soleil traverse,
De coeur jamais qu'un ciel ne berce ;
Non plus, comme d'un sort inverse
Et qui le jette à la renverse,
Qu'un glaive encore ne transperce
De folle lame sans retour ; -
Quand on se meurt de sombre Amour !
Blessé je suis d'une douleur extrême,
Et nul soleil ne peut me secourir ;
Plus rien ne vient dire ma lèvre blême ;
S'achève en moi le feu de mon désir ;
La mort nous veut ravir ce que l'on aime ; -
Mais il nous reste encore à découvrir,
Jusqu'en ce coeur d'un songe où le vent sème
Au plus profond de son silence même
Le mouvement des astres à venir,
O mon Amour, qu'il n'est d'Amour suprême
Qui ne ressemble, en l'âme, à du mourir !
Ta douleur est au fond de ton être pareille
A l'eau de quelque lac tranquille en la montagne ; -
Mais dont la profondeur, au feu qui l'ensoleille,
Brille, où ton seul silence inaltérable veille,
Comme l'éclair d'un glaive en l'or qui l'accompagne !
Le pur secret de ta douleur,
Pour d'un peu près qu'on y regarde,
Et dont s'exalte ta splendeur,
Respire l'âme d'un malheur
Dont seul l'apaisement me tarde, -
Et si profond que sa pâleur
Vient se planter comme une écharde
Epouvantable dans mon coeur ?
Révèle-moi cette ombre où la douleur s'inscrit,
De cette humaine, folle et tendre meurtrissure,
En laquelle le rêve pleure jusqu'au cri
Le plus irrécusable et fou de ta blessure !...
Si le sang qui circule en tes veines profondes
Eclaboussait un jour le ciel de sa douleur,
Plus rien ne resterait dans l'air et sur les ondes
Et la terre fertile en promesses fécondes,
Qui puisse m'empêcher d'entendre en sa pâleur,
Au-delà des tourments des siècles et des mondes,
Battre l'immensité tragique de ton coeur !
Si ta voix se perdait dans le silence fou
De ne l'entendre plus frapper à mon oreille,
Je serais celui-là sur terre d'un seul coup
Qui se meurt de la mort du jour qui l'ensoleille !
Sans que rien ne retienne en l'univers ma voix
D'aller se perdre au sein d'un ciel qui lui réponde,
Mon cri vers toi, surgi de ma douleur profonde,
Rejaillira sans fin jusques au bout du monde,
Tellement je t'enserre l'âme entre mes doigts !
Où mon regard se perd, la force m'abandonne ;
Si je te cherche en vain, mon Amour se détruit ; -
Rien ne m'habite plus ; je n'attends plus personne :
Et la mort du soleil ruisselle dans ma nuit !...
Je ne sais quoi me vient surprendre
Au coeur de l'être, dans le noir ;
Comme des jours meurtris la cendre,
Aussi loin que mon regard tendre
S'efforce en moi de te revoir ;
O ma chère Ame au clair vouloir !
Quand toute gloire va descendre
Où nul soleil ne veut se rendre,
Et dans notre âme va répandre
La mort du jour, avec le soir !
Ta respiration nocturne me poursuit, -
Comme la biche au bois qui file comme une aile,
A mesure qu'au loin la chasse lui rappelle,
Avec tout ce grand souffle d'or qui passe en elle
Et qui porte l'éclat des choses éternelles
D'un aboi qui les rend toutes alors plus belles,
Qu'elle s'approche d'elle avec son vaste bruit !
Le grand Arbre - égaré dans l'or du seul silence
D'une éternité folle où le regard vient choir -
Abreuve de regrets profonds ma survivance
Et plonge au plus cruel secret d'un Soleil noir,
Cet Univers pétri de telle indifférence
Pour tout ce qui préside en l'être à l'existence,
Que son coeur effrayant d'irrémédiable errance,
A mesure qu'en moi s'installe la souffrance,
Ne me permet plus même en l'âme de te voir !
D'UNE PRÉSENCE ABSENTE EN
SA PRÉSENCE MÊME
I
Ta force vive en moi s'émeut de m'émouvoir
Au-delà de ce que les mots peuvent en dire, -
En cette région de l'âme où ne plus voir
En soi ce que l'on aime excite le délire
Au point de croire alors qu'il n'est souffrance pire
Que de se retrouver plus seul encor de le savoir !
II
Tout m'échappe de toi, malgré mon Amour même :
On ne connaît jamais que rien à demi-mot ;
Le flot qui nous emporte emporte un autre flot
Que celui dont on croit saisir le flot suprême ;
Et l'on n'entend rien d'autre, au centre du poème,
Frémir comme frémit l'orage au bord de l'eau,
Qu'une éternelle voix qui pleure quand on aime
Et dont la tienne semble un éternel écho !
III
Ta présence est absence pire que l'absence :
De toi, je ne sais rien que ce qui meurt en toi. -
Et ce qui meurt en toi retourne au seul Silence
Qui nous tienne sans fin dociles sous sa loi :
Il n'est pas d'existence en nous sans la souffrance
D'un abîme plus grand que l'oeil ne le perçoit.
IV
Et que sais-je moi-même de moi ?Tu ne sais rien de moi ; je ne sais rien de toi :
L'infini se révulse en tes prunelles claires ;
Rien n'abolit en nous, de l'âme, les mystères ;
Tu meurs de vivre en moi tes rêves de la terre ;
Me brise ma douleur d'aimer, comme du verre, -
Et, dans nos deux regards, le soleil meurt de froid !
Emporté par le flot des rives de l'hiver
Jusqu'où le sombre Automne emmène en grand désordre
Ma souveraine soif des songes de la chair,
Saurai-je voir toujours, ma Soeur au regard clair,
Au-delà d'un malheur qui traîne encor dans l'air,
Avant que sans retour le froid ne vienne tordre
Ce peu de certitude en moi qui me vient mordre,
En mon âme surgir de ton Amour l'éclair !
L'été prolonge enfin sa course dérisoire
Dans l'air, en notre sang, dans la chaleur du jour ;
L'arbre éclate des feux de sa nouvelle gloire ;
Le vent se fait plus calme ou brûle tour à tour ;
L'ombre qui revenait s'enfuit à n'y pas croire ; -
Et mon Amour toujours veut croire en ton Amour !...
Tout s'éclaire et respire en l'âme comme avant ;
La lumière circule en la splendeur des nuits ;
Le rire d'autrefois se retrouve vivant ;
Nous sommes suspendus toujours aux mêmes fruits ;
Et, comme l'eau vient sourdre en la fraîcheur d'un puits,
S'en vient battre mon coeur près de ton coeur souvent !
Ton coeur qui bat dans ma main palpitant
Ne retient plus son souffle entre mes doigts ;
Par lui mon âme va jusqu'à ton âme errante ; -
Et ton corps lumineux de vivre en la tourmente
Des rayons d'un soleil que son rivage hante,
Par l'éclat souverain des gestes que j'invente,
Redevient immobile et calme sous ma voix !
Comme la mer nocturne entre les bras du temps
Se livre au flot profond de l'Océan stellaire, -
Ainsi mon âme même au souffle millénaire
Des éternels mouvements d'astre et des autans
Qui sillonnent pour nous les rives de la terr,
Où ton coeur contre moi vient battre, - que j'entends !
Errance vague ; le soir tremble
Entre nos doigts , infiniment...
Quel songe, corps et âme, ensemble,
Pris dans un même mouvement
D'astre et d'ombre, qui nous rassemble,
Se cherche et meurt, en un moment ? -
Quelle amertume, frêle et douce,
Et pénétrante cependant,
Comme écume que le vent pousse
Et dont notre âme s"éclabousse,
Devient étoile au firmament ?
Cherche l'ombre éternelle où le désir t'appelle
A ne vivre jamais que de la mort des jours ; -
N'en as-tu pas assez de ne rien voir que celle
Qui, sous couvert de n'être en l'âme qu'immortelle,
Détruit secrètement le coeur de tes Amours !
Ah! retrouver la pureté de l'origine,
Ce flot du sang vivant qui roule vers la mer,
Et ne revoir plus rien que nos deux âmes, Gine,
S'engouffrer, sous un ciel de gloire à découvert,
En cet Océan calme et fort qu'on imagine
Seul capable, du feu profond qui l'illumine,
De briser de la mort en notre coeur l'éclair !
Reviens vers moi, Douceur fragile,
Tendresse calme au ciel ouvert,
Purifier la plus docile
Des exigences de la chair, -
Pour que mon âme indélébile
S'en aille boire à l'immobile,
Autant qu'infiniment subtile
Et souverainement fertile,
Eau précieuse du Désert !
Je ne suis rien qu'un peu de folle soif ardente,
Et si tu n'apparais jamais, en tes contours,
Que cette eau calme et claire en sa fraîcheur dolente,
Alors que je ne sais quelle douleur me hante,
C'est que peut-être bien le ciel qui la tourmente
La rend secrètement terrible et violente
Au pur soleil de mes Amours !
Si mon coeur n'étreignait dans ton regard que l'or
Qui circule à travers tes larmes flamboyantes,
Plus mortelles encore et dans le soir fuyantes
Au souffle survenu d'un grand vent sombre et fort, -
Je ne posséderais rien d'autre qu'un trésor
D'astre et d'âme chassant les ailes effrayantes,
Comme un ciel traversé de flammes foudroyantes
Et qui mène pourtant la barque d'ombre au port !
Rien : ni le soir qui tombe en l'âme avec effroi ;
Ni le soleil brûlant dans le vent pur qui glace ;
Ni l'ombre immensément qui règne sur ma face ;
Ni tout ce qui me brise ou ce qui me dépasse ;
Ni ce désert de mort en nous qui tout efface
Et nous force sans cesse l'âme à crier grâce ; -
N'aboliront jamais ton rêve d'astre en moi !
DYPTIQUEDE L'ARCHANGE BRISANT
L'ÂME DU MAL DÉMENT
"JE lui dis : tu vaincras jusqu'ici ! tu n'iras pas plus loin,
ici s'arrêtra l'orgueil de tes flots !"Livre de Job 38, 11.
I
Comme un vent frissonnant des plus mortels atours,
L'infernale rumeur des gouffres de l'orage
S'élève du désert des douves jusqu'aux tours ;
Il n'existe plus rien de l'âme et du courage
Qu'il faut à l'univers pour vivre en l'or des jours,
Ni de ce qui ressemble à tout ce grand voyage
Dont nous rêvions sur terre avec le ciel autour :
Les Serpents de la nuit montent du paysage
Et t'nvironnent de noirceur, ô mon Amour !
Été-Automne 1988.
II
Mais l'Archange viendra briser de sa colère
Le rire qui se dresse au centre du Vautour ;
Jusqu'à ce que le flot de la fureur amère
De tout ce qui circule en l'âme mensongère
D'avidité mortelle et folle sans retour ; -
Fuyant comme rapace un ciel aux ombres sourd,
Fasse place à jamais sur la plus haute tour
A ce déferlement soudain d'une lumière
Qui nous rendra notre âme avec la terre entière, -
Et le plus clair Soleil des jours entre les jours !
Ta tendresse, en ton coeur blessé comme une armure
Ouverte au grand soleil de mort de l'univers,
Et qui garde sans cesse en elle la blessure
Justement de ce Mal que sa tristesse endure
A travers les frissons de l'âme dans les chairs,
Se souviendra toujours de l'immortelle Epure
Qui la marque du sceau d'un éternel Ether,
Avant de s'abîmer dans l'Immensité pure
Qui l'aspire au plus clair secret de sa nature, -
Comme un feu calciné qui tombe dans la mer !
Quel cri, détruisant tous les feux de l'univers,
Transpercera la mort de l'âme dans les chairs,
De telle sorte, l'âme, au plus haut point du sort,
Qu'il la rende immortelle même dans la mort, -
Et que de notre Amour le jour se précipite
Où toute la douleur des mondes qui vont vite,
Par-delà le flot vain de son pur gouffre amer,
S'abolisse dans l'or d'un fulgurant éclair
Qui mette l'ombre folle éperdument en fuite
De toute cette ivresse d'âme qu'il habite
Et qu'il délivre enfin du songe qui la perd !
Ah ! que je plonge enfin tout mon regard d'amant
Jusqu'où palpite en toi le ciel qu'on assassine,
Quand le malheur des jours nous blesse sombrement ;
Afin, - comme d'un feu qui prend dans le sarment
Qu'allume brusquement quelque flamme divine, -
Avec ces battements d'un coeur qu'on y devine,
Que ta présence en moi dure éternellement !
Respire, ô mon Amour ! ô mon Amour, respire !
N'écoute pas le bruit qui monte du malheur ;
N'écoute pas en toi, d'un si funeste empire
Qu'il n'en existe pas dans l'univers de pire,
S'élever ce qui veut secrètement détruire
De ton âme elle-même encore la splendeur ; -
N'écoute que le vent des mondes qui vient bruire
En l'immense silence d'astre de ton coeur !
Comme la mer s'endort au merveilleux rivage
Où vont appareiller nos rêves les plus beaux,
Ainsi l'espoir descend ce soir sur ton visage
Et ton âme à l'abri de l'ombre et de l'orage, -
Quand viennent s'y briser la mort et les tombeaux !
Je t'aimerai parmi les roses de midi ;
L'églantine fleurie au coeur du verger tendre ;
La clarté de l'Eden jadis que l'on perdit ;
Jusque dans ce Malheur et qui nous vint surprendre
Et dont l'âme ne peut qu'à peine se déprendre
Tellement le ciel même en est couleur de cendre ; -
Je t'aimerai parmi les choses que je dis,
Plus belles d'être enfin celles du Paradis !
Je cherche Dieu dans l'ombre où le soleil se meurt ;
Dans l'éclat du grand jour qui vibre sur tes lèvres,
De la mer dont s'élève en l'âme la rumeur ;
Dans le rire des nuits comme dans la douleur ;
Dans l'attente pour toi de mes tremblantes fièvres ; -
Comme je cherche l'ombre à l'ombre de ton coeur !
Tellement le ciel même a mis ton âme en moi
Et fait que dans mon coeur ton rêve s'achemine,
Depuis cet au-delà des temps de l'Origine
Où partout ne régnait qu'une éternelle loi, -
Que désormais, sous quelque ciel de quelque endroit,
Par tout cet univers où le malheur domine
Quand y surgit de l'ombre et de la mort l'effroi,
Quel que soit ce vers quoi notre désir s'incline,
Et jusqu'en l'infini de Sa Splendeur divine,
Dieu même ne pourrait me séparer de toi !
Si Dieu n'est pas où nous ne serons plus
Que cendre au vent des songes révolus, -
Tous nos Amours sont des Amours perdus.
*
Entends, Seigneur, le cri de ma détresse ;
Entends le cri des jours qui ne sont plus ;
Entends le cri mortel d'une tendresse
Qui crie après tous les bonheurs perdus !
Ce feu qui brûle au fond de toi
N'est pas de minérale essence :
C'est un long cri d'âme aux abois
Qui traverse l'inexistence
De siècles d'ombres et sans voix,
Pour se plonger dans la présence
De l'immémorial Silence
De son inaltérable Roi !
Quand l'archange viendra comme un éclair de feu
Nous rendre la clarté du Jour dans la Lumière,
Par cette Force en lui de l'Ame tout entière
Qui règne seulement sous le Soleil de Dieu !...
D'ABSOLU DANS L'ADIEU
D'ABSENCE DANS LA FOI
D'ÉTERNITÉ SANS TOI
D'AMOUR DE TOI SANS DIEU !
Notre-Dame de Béhuard, 16 Août 1936 - "Sonatine", 16 Août 1991.
La présente édition originale de cet ouvrage, AMARE DOLORIS AMOR, rehaussée de l'ARCHANGE AU PUR REGARD ARDENT par Patricia NICOLLE,fut achevée d'imprimer en la fête de SAINT MICHEL ARCHANGE, le 29 septembre 1991, sur les Presses de l'Imprimerie FARRÉ, 19, boulevard Gustave-Richard, à Cholet.